Récolte à l’ancienne, entretien des vieux vergers et pressage des olives en Corse

Du Nord au sud de la Corse, en coteaux, plaines, bords de mer, et même montagne, l’olivier peuple les terres. Il fait partie des cultures emblématiques de l’île, depuis l’Antiquité.

Epargnés par le gel, les oliviers corses sont multiséculaires et atteignent parfois 20 mètres de hauteur. Leur envergure exceptionnelle a induit des pratiques spécifiques liées à leur entretien, à la transformation de leurs fruits et surtout une méthode de récolte unique. Ici, point d’intervention humaine ou de machines : on ne cueille pas les olives sur les arbres. On laisse les fruits chuter naturellement dans des filets tendus sous les oliviers, pendant les longs mois que dure la récolte. Régulièrement, on vient vider ces filets pour apporter les olives au moulin. Seul le vent accélère la récolte. Quelques professionnels et dans les villages environ un millier de cultivateurs et amateurs passionnés perpétuent ce savoir-faire ancestral, un des emblèmes de la culture insulaire que nous appelons la « Récolte à l’Ancienne ».

Après une taille distincte, un entretien soigné du sol et une protection attentive des fruits au cours de leur croissance, les oléiculteurs récoltent des olives noires, très mûres qu’ils conduisent dans des moulins, anciens ou modernes. De la maturité poussée de ces olives chutées naturellement, résulte une huile très douce gorgée d’arômes de fruits secs et de maquis. Elle servira principalement à l’autoconsommation en famille ou sera revendue, souvent en direct. Cette méthode traditionnelle est laborieuse, mais efficace. Elle répond à l’envergure des arbres ainsi qu’au morcellement et à la topographie des parcelles d’anciens oliviers – multiples, petites et particulièrement pentues, souvent impossibles à mécaniser, mais peuplées d’arbres splendides. Situées autour ou parfois au cœur des villages, leur maintien en production permet de préserver l’environnement, de lutter contre le feu, de sauvegarder un patrimoine familial. Souvent millénaires, ces oliviers maintiennent depuis la nuit des temps l’activité d’une communauté rurale, créent le lien social. C’est ainsi qu’en Corse, au moment de les récolter, on perpétue une culture et un savoir-faire quasiment disparu dans les pays producteurs d’huile d’olive du bassin méditerranéen.

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Cérémonie d’inclusion du Patrimoine Culturel Immatériel

Remise des attestations d’inclusion des pratiques à l’Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel par la Ministre de la Culture Rachida Dati, le 25 novembre 2024 au ministère de la Culture.

La fabrication du fromage Saint-Nectaire fermier

Fabriqué depuis l’époque des Arvernes, nos ancêtres les gaulois,  le fromage Saint-Nectaire alors dit « fromage paysan » gagne ses lettres de noblesse au XVIIe siècle, époque à laquelle il fut introduit à la cour du Roi Soleil par le Maréchal de France Henri de Sennecterre, issu de la famille seigneuriale qui donna son nom au village et à l’admirable Eglise romane du 12e siècle de Saint-Nectaire le Haut, construite en pierres locales sur le Mont Cornadore. Haut lieu de l’art roman, ornée de chapiteaux polychromes, elle surplombe l’ancienne ville thermale du XIXe siècle, avec ses villas, son parc, son casino, ses grottes, ses sources, ses anciens thermes et ses fontaines pétrifiantes, lequel attira de nombreux curistes jusqu’en 2003. Ensemble remarquable par son architecture, sa géographie, ses sources thermales et un fromage de terroir ancestral, le village de Saint-Nectaire a rejoint le réseau des Sites Remarquables du Goût en 1998. C’est grâce à leurs terres volcaniques, fertiles et fleuries recélant une richesse aromatique unique, située au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne à cheval sur les départements du Puy-de-Dôme et du Cantal, que les prairies des Monts Dore et du Cézallier donnent toute sa complexité au fromage Saint-Nectaire, sa superbe croûte fruitée et sa pâte moelleuse au subtil goût de noisette. Exclusivement fabriqué au lait de vache cru, le Saint-Nectaire fermier est un fromage à pâte pressée non cuite et salée. Il se présente sous la forme d’un cylindre légèrement détalonné de 20 à 24 cm de diamètre et de 3,5 à 5,5 cm de hauteur dont le poids doit se situer entre 1,450 kg et 1.950kg. En format réduit, le Saint-Nectaire mesure 12 à14 cm de diamètre et 3,4 à 4,5 cm de hauteur. Son poids doit se situer entre 500g à 700g.  Sa durée minimale d’affinage est de 28 jours après son entrée en cave. Il contient 45 % de matières grasses. La production annuelle est de 7 283 tonnes de Saint-Nectaire fermier qui génèrent environ 78 millions d’euros et 2 000 emplois directs autour de petites et moyennes exploitations.

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La fabrication du Poiré en Domfrontais

Au pays des poiriers en fleurs, dominé par la cité médiévale de Domfront, le bas Domfrontais, anciennement « Passais » terre de passage, se caractérise par une position géographique particulière à la croisée des deux régions Bretagne et Normandie sur l’axe Paris – le Mont-Saint-Michel. Proches de l’océan, calés contre la barrière de grès du Massif armoricain, ses sols frais et profonds offrent un environnement propice au développement du poirier dont la présence remonte à la préhistoire sous la forme d’un petit arbre épineux des forêts dit « poirasse ». Grâce à la création du bocage normand par les moines défricheurs du Moyen-âge, les vergers de poiriers se sont répandus au cours des siècles, non pour ses variétés de poires non comestibles mais pour sa boisson dite « le champagne normand ou poiré » et pour son eau-de-vie de « Calvados ». Le « poiré ou cidre de poire », boisson effervescente légèrement alcoolisée à 4-5°, obtenue par fermentation de moûts frais de variétés locales de « poire à poiré » semble avoir été apprécié pour sa finesse et son élégance dès le XVIIème siècle par les cours royales et pour un usage domestique à la ferme.

Il s’est développé à partir du XVIIIème siècle grâce à la culture de poiriers haute tige, arbres au port altier déployant douze à vingt mètres de hauteur. Appelés communément « poiraies », ces vergers aux qualités paysagères et écologiques remarquables se caractérisent par un modèle agricole spécifique : le pré-verger. Celui-ci obligatoirement enherbé, allie élevage et production fruitière dans des enclos de haies vives. Enrichi par la diversité de la faune et de la flore de cet écosystème, il permet de valoriser au mieux les ressources agricoles locales en favorisant la polyculture. Reconnu en appellation d’origine protégée (AOP), le « Poiré Domfront » est fabriqué avec attachement, soin et vigilance par une vingtaine de producteurs – transformateurs qui produisent environ 150 000 bouteilles par an sur 120 hectares de vergers. Il se caractérise par des méthodes spécifiques de fabrication : variétés locales, conduite lente et autonome des fermentations, et en particulier « prise de mousse naturelle » en bouteille.

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L’élaboration de l’eau-de-vie d’Armagnac

L’eau-de-vie d’Armagnac se rattache, dans le sud-ouest de la France, aux départements des Landes, du Gers et de Lot-et-Garonne. Le territoire se distingue, dans le Bas-Armagnac, par des sols propices à la production d’eau-de-vie et par son réseau de bastides ou « villes neuves », à l’urbanisme de référence qui soutiennent sa production, comme Labastide d’Armagnac, dont le terroir produit les eaux-de-vie les plus réputées.

Élaborée depuis 700 ans selon des savoir-faire artisanaux, l’eau-de-vie d’Armagnac est obtenue à partir de la distillation de vin blanc, essentiellement à partir de cépages de Baco blanc, unique par sa résistance aux maladies et son aptitude au vieillissement, de Folle blanche, par son ancienneté dans le vignoble armagnacais, sa finesse et ses notes florales, de Colombard, pour son épicé, et d’Ugni blanc, pour sa finesse et sa productivité. La rondeur de l’Armagnac et la richesse en arômes sont réputées résulter de la distillation armagnacaise continue, élaborée à partir d’une seule chauffe de vin dans un alambic à colonnes, spécifique à l’Armagnac.

Après avoir été élevée de longues années dans des fûts de chêne, l’eau-de-vie « aux quarante vertus », invoquées par le prieur d’Eauze dans un ouvrage conservé au Vatican, est douce, élégante et tonifiante. Elle se singularise par le fameux « Armagnac millésimé », issu d’une seule et même année de récolte, n’ayant subi aucun assemblage avec des millésimes
différents.

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Les savoir-faire de l’élaboration du cognac

rédigé par Anne-Laure Jouannet, géographe, et Gérard Jouannet, historien

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés : Sylvie Grenet, conseiller scientifique, Catherine Virassamy, greenandcraft, Jean-Bernard de Larquier, viticulteur et bouilleur de cru, Luc Lurton, directeur de la Station viticole du BNIC, Chloé Rosati, chercheure associée à l’Université de Nice

L’élaboration du cognac, eau-de-vie de vin distillée deux fois en alambic charentais, est un processus patient et collectif, qui s’est construit par la transmission des savoir-faire depuis le XVIIe siècle. La diversité des étapes, du plant de vigne aux modes de consommation, se fonde sur un processus d’élaboration qui s’articule autour de trois piliers : la distillation charentaise, par la production d’un vin de base ; l’assemblage, par l’élevage des eaux-de-vie ; la mise en cohérence du contenu, par l’adaptation du design au mode de consommation de chaque cognac.
L’empirisme et la transmission orale, perpétués de génération en génération et appuyés sur des traditions viticoles et un négoce structuré in situ dès l’origine, sont les fondements identitaires de la communauté. Cette tradition s’appuie sur une alliance entre des savoir-faire viti-vinicoles locaux et une culture marchande apportée depuis le XVIe siècle par les négociants étrangers (hollandais, anglo-saxons, norvégiens…), qui a toujours été fondée sur une logique d’échanges et de complémentarités. Cette création conjointe a façonné une communauté multiculturelle.
Chaque savoir-faire participe, selon des méthodes et une temporalité qui lui sont propres, de la même recherche : pérenniser le profil organoleptique de chaque cognac, en assurant le bon équilibre entre respect de la tradition et renouvellement par la révélation du potentiel aromatique du vignoble. Son élaboration est ainsi ressentie comme une œuvre collective.

La culture et la transformation des olives dans le pays de Nîmes

À l’origine, la variété d’olive dite Picholine, typique du Gard, était connue sous le nom de Collias ou Collasse. Particulièrement résistante aux fléaux de tous genres, au fil des siècles, elle a fait la renommée du territoire nîmois, en produisant une olive de table au craquant séduisant, dont l’huile extraite a un goût caractéristique. Cultivé dans les plaines et coteaux fertiles, depuis l’Antiquité, d’après l’archéobotanique, puis dans la garrigue, l’olivier prospère du sud des Cévennes aux costières de Nîmes, loué pour ses vertus de résistance, de vitalité, d’adaptation et d’immortalité, et, de nos jours, pour sa contribution à la lutte contre le dérèglement climatique.

Tout un chacun peut planter et cultiver un olivier sur un petit lopin de terre, confire ses olives au coin du feu ou en extraire de l’huile artisanalement. Parmi ces praticiens, les « oléiculteurs familiaux » représentent 75 % des producteurs. L’olivier rejaillit partout dans les plaines, les collines, les terrasses et les constructions en pierre sèche, qui font partie intégrante du patrimoine culturel du Languedoc et de la Provence. Les reconnaissances en Appellation d’origine contrôlée « Huile d’olive de Nîmes » et « Olives de Nîmes » (2004) ont fédéré tous les professionnels et non professionnels, de la large communauté d’oléiculteurs locaux autour de l’olivier et de ses oliveraies, dites aussi « olivettes ».

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La culture de la truffe noire du Quercy à Lalbenque

La commune de Lalbenque, au sud-est de Cahors (Lot), accueille un marché réputé pour le commerce de la truffe noire du Quercy, appelée communément truffe du Périgord. Ce champignon noir, souterrain, reconnu depuis des siècles pour sa saveur, est niché au pied d’arbres truffiers, de préférence des chênes, dans les sols karstiques et calcaires du causse de Lalbenque-Limogne. Sa production est associée à la culture d’un chêne truffier, qui favorise sa venue, par symbiose, la truffe ayant la particularité de fructifier dans le sol.

Invisible et repérable grâce aux savoirs séculaires des paysans, par l’observation d’une zone circulaire sans végétation délimitée au pied des arbres, dite « brûlé ou rond de sorcière », la truffe est traditionnellement « cavée » (ou récoltée) grâce au flair d’une jeune truie ou d’un chien, tous deux dressés. Face à sa production non maîtrisable et à l’attrait qu’elle suscitait, les paysans se mirent à la cultiver en donnant naissance à la trufficulture, à partir de la multiplication de plants truffiers, mais loin du succès attendu, à l’image de la truffe insaisissable.

Ce « diamant de la cuisine » est associé au foie gras, aux volailles, aux œufs et aux mets gastronomiques. Condiment de luxe, sa production participe incontestablement à l’attractivité du territoire. Exprimant un art de vivre propre au causse, la truffe attire les visiteurs du monde entier, curieux de son patrimoine bâti, paysager, agricole et de ses marchés de village.

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L’élevage des huîtres de Cancale

Face au Mont-Saint-Michel, Cancale, petite ville de 5 000 habitants et son port de la Houle, se révèle le site idéal pour l’élevage des huîtres. Décrite comme « un écrin d’émeraude où pousse l’excellence », cette petite conche aux fonds peu profonds est un cadre propice aux plus grandes marées d’Europe. Le climat vivifiant et les eaux brassées régulièrement assurent à l’huître des conditions privilégiées pour garantir une qualité d’exception reconnue. L’huître plate indigène « Ostrea Edulis », communément appelée « belon », vivant à profusion dans les fonds marins de la baie fit la renommée de Cancale. C’est ainsi qu’en 1545, François 1er accorda le titre de « ville » à Cancale pour la qualité des huîtres fournies à sa table. Draguées à l’époque par les « bisquines », surexploitées et affectées par des épidémies, les huîtres plates naturelles ont failli disparaître. L’huître creuse fut alors introduite avec la pratique d’élevage et la naissance de l’ostréiculture, d’abord avec la « portugaise, Crassostrea Angulata » et enfin avec la « japonaise, Crassostrea Gigas », la plus résistante qui prospère encore aujourd’hui sur tout le littoral. L’activité ostréicole est aujourd’hui rythmée par les marées, par les allées et venues des bateaux de pêche d’huîtres plates clairsemées sur le bassin, le port étant souligné par l’alignement des parcs le long de la baie, surplombés par l’emblématique rocher de Cancale. Plates ou creuses, les huîtres sont présentes un peu partout sur les marchés de Bretagne car elles ont la faveur du consommateur par sa réputation d’authenticité. Environ 3 500 tonnes d’huîtres creuses et 1 000 tonnes d’huîtres plates pour une production nationale de 76 705 , sont produites par an sur 500 hectares de parcs par une trentaine d’entreprises dans la baie de Cancale. 

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L’élaboration du vin de Châteauneuf-du-Pape

Châteauneuf-du-Pape, charmant village du Vaucluse au patrimoine architectural notable, surmonté de son château et de ses remparts, est réputé dans le monde entier pour la particularité de ses vins issus de dix-huit cépages. Ce petit éperon rocheux et ses 3200 hectares de vignes surplombent les vallées du Rhône et de l’Ouvèze, profitant pleinement d’un site d’exception porté par ses sols calcaires, ses terrasses de galets roulés, son soleil, son « mistral » et ses caves historiques, propices à la production d’un vin « tranquille » aux goûts et arômes typés, élégants et équilibrés. Son paysage vallonné ponctué de parcelles boisées, de domaines prestigieux et de petits patrimoines tels que les cabanons de vignes, témoigne d’une longue tradition viticole. C’est grâce à son goût pour le vin du terroir et sa vision du commerce, que le Pape Jean XXII installé dans sa résidence d’été de Châteauneuf favorisa dès le XIVe siècle le développement du vignoble environnant, entre Avignon et Orange. « Une série d’ingrédients se sont conjugués autour du terroir et des hommes » pour construire la réputation du vin de Châteauneuf-du-Pape reconnu par son appellation du même nom. Elle le doit sans aucun doute à l’opiniâtreté d’une communauté de producteurs et d’hommes remarquables qui ont œuvré ensemble pour privilégier leur indépendance et le caractère du « vin aux 18 cépages ».

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La pêche à la sardine de Saint-Gilles Croix-de-Vie

La sardine du Pays de Saint-Gilles Croix-de Vie prospère dans le Golfe de Gascogne entre l’estuaire de la Gironde et de la Loire riches en oligo-éléments. Cette sardine de roche remonte du sud vers le nord en suivant les courants d’eau chaude. Les eaux du territoire entre le nord de l’Ile d’Yeu et l’Estuaire de la Vie offrent une qualité de plancton particulier qui favorise la reproduction des sardines. Nichées dans une baie entre l’île d’ Yeu et l’île de Noirmoutier, les sardines bénéficient d’un lieu magique et abondent en particulier entre les mois de mai et septembre. Cette situation exceptionnelle mais aussi l’introduction par les Maures au XVIIe siècle de la pêche au filet droit de chanvre ont fait de Saint-Gilles Croix-de-Vie la capitale de la sardine en France.  L’activité sardinière est aujourd’hui en plein essor avec plus de 2000 tonnes de poisson bleu pêchées chaque année et une centaine de marins pêcheurs.

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