Les connaissances et savoir-faire des liqueurs en France

Si l’élaboration des liqueurs nous renvoie à l’univers des monastères et des apothicaires, à celui des plantes de montagne et de bord de mer, des fruits des vergers et des épices des pays lointains, elle nous évoque également des moments de partage familiaux et amicaux autour de ces boissons coutumières. Les moines et les villageois transformaient ces ressources naturelles pour concocter des élixirs, des vins de fruits, des ratafias et des liqueurs. Avec l’engouement pour les liqueurs au XIXe siècle, le métier de liquoriste émerge, porté par des femmes et des hommes connaissant les vertus des plantes et améliorant sans cesse leur transformation. Des maisons familiales et des entreprises artisanales se créent et produisent dès cette époque une grande variété de liqueurs qui enrichissent la gastronomie française. Issues de pratiques savantes et populaires, les liqueurs sont l’expression d’un florilège de savoir-faire liés à l’extraction de la quintessence d’une large diversité d’ingrédients grâce aux techniques héritées de l’infusion, de la macération et de la distillation. Une nouvelle génération de liquoristes continue d’innover tout en perpétuant ces méthodes traditionnelles, afin de préserver et de transmettre le patrimoine du goût des liqueurs. Petits producteurs et maisons historiques travaillent avec des partenaires locaux pour assurer la qualité de leurs produits, tout en sensibilisant les consommateurs à leur savoirs et savoir-faire, tout en adoptant une démarche respectueuse de l’environnement inhérente à leur identité.

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Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel / PCI LAB

Les pratiques sociales et culturelles dans les Bistrots et Cafés en France

Ouverts à tous, accueillants, empreints de chaleur humaine, les cafés et bistrots en France font partie de notre histoire collective, demeurant des lieux essentiels pour les membres de la communauté. Intimement liés à la vie locale, ces lieux populaires révèlent des sociabilités propres à l’histoire française. Que ce soit dans les bourgs ruraux ou les centres-villes, ils continuent de jouer un rôle de carrefour culturel et social, offrant un espace où les habitants peuvent s’informer, consommer, se restaurer, et surtout se retrouver et se connaître. Expressions privilégiées de leur environnement et marqueurs du patrimoine urbain, ils participent activement à l’animation des quartiers. Ces lieux se présentent en France comme un espace culturel tant par les relations sociales qu’ils induisent que par certaines pratiques qu’ils accueillent.

Les bistrots et cafés se distinguent par une qualité personnalisée de service en créant une atmosphère unique. Ils se caractérisent ainsi par l’interaction riche entre bistrotiers, serveurs, et clients au sein de cet espace culturel. Ce sont la terrasse, le comptoir et les salles qui facilitent les échanges, attirant à la fois des habitués et des visiteurs occasionnels. Ces derniers sont souvent séduits par les services offerts à toute heure, au quotidien et par l’esprit inclusif des lieux.

Les professionnels se mobilisent pour préserver la dimension humaine et la vitalité de ce mode de sociabilité, chargé d’histoire, attachant et irremplaçable à l’heure du numérique et des réseaux sociaux.

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Les pratiques sociales et culturelles des confréries oenogastronomiques en France

Des femmes et des hommes, amateurs de tradition et de bonne chère s’appliquent à arborer avec faste et enthousiasme le patrimoine culinaire régional des coutumes, des recettes et des produits de terroir, sous l’égide des Confréries vineuses et gastronomiques françaises afin d’en préserver et d’en promouvoir la qualité.

Témoignages des anciennes associations de métiers et de laïcs qui existaient déjà à Rome et au Moyen-Âge au côté des corporations, les Confréries, organisations confraternelles dont l’étymologie remonte au XIIIe siècle, «du latin médiéval confratria, sous l’influence de frère » ont intégré depuis leur origine une mission d’entraide et de transmission des savoirs.

Présentes partout en France depuis cette époque, de nombreuses Confréries ont été remises au goût du jour depuis la moitié du siècle dernier avec l’arrivée du tourisme. Aujourd’hui près de 1000 confréries dites oenogastronomiques constituent du nord au sud de la France et dans les Dom Tom une importante communauté d’amitié et de convivialité à la faveur des territoires. Point d’orgue des fêtes villageoises, elles animent généreusement les foires, marchés, concours ou banquets collectifs qu’elles se plaisent à partager, en incarnant dans des tenues de parade traditionnelles inspirées du Moyen Age, la transmission des traditions bachiques et gastronomiques locales, des pratiques alimentaires traditionnelles à la mémoire de nos terroirs, en valorisant leurs dimensions sociales et environnementales.

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Les savoir-faire du lin textile

rédigé par Marie-Laurence Sapin et Catherine Virassamy

Le lin est la plante textile par excellence. Cultivé par les hommes depuis des millénaires, il produit par rouissage une fibre textile particulièrement vertueuse, utilisée dans les tissus éponymes du « linceul » des momies égyptiennes, du « linge » à usage domestique et de son célèbre « damassé ». La culture du lin s’installe en Europe de façon pérenne dès le début du Moyen-âge sur une bande côtière allant de Caen à Amsterdam et donne naissance à un commerce international. Une véritable chaîne de savoirs s’est construite au fil du temps grâce à des agriculteurs, des teilleurs, des filateurs, des tisserands et autres dépositaires de la connaissance du lin dans toutes ses formes, du lin cultivé à la fibre, jusqu’à l’étoffe. Une production de qualité n’est obtenue que grâce au ressenti, aux compétences et à l’expertise cumulée de professionnels.

A la faveur d’un climat océanique et de la présence de savoir-faire ancestraux, la Normandie, le Nord de la France et à sa mesure l’Ile-de-France ont fait la réputation du lin français pour la qualité de ses fibres textiles et la finesse de son fil. Outre la noblesse de la plante, le lin revendique de réelles vertus écologiques car il ne nécessite aucune irrigation, il est peu polluant à transformer et est recyclable, pour une production « zéro déchets ».

Fragilisée par la désindustrialisation du secteur Textile-Habillement dans les années 1980-1990 et par une mondialisation de la chaîne de valeur, la communauté linière au tempérament collectif manifeste se mobilise aujourd’hui pour relancer ses filatures et ateliers de tissage autour de la relocalisation de la filière en France. Le textile pour la mode consomme 60% du lin produit ; 30% sont dédiés à l’ameublement et aux textiles ; 10% pour des applications techniques via une nouvelle génération de matériaux composites biosourcés à haute performance.

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Les savoir-faire du chanvre textile

rédigé par Marie-Laurence Sapin et Catherine Virassamy

Le chanvre est une plante ancestrale, cultivée autrefois pour sa fibre textile dans la marine et l’habillement. Elle l’était aussi pour ses graines dans la médecine et l’alimentation. Avant la deuxième guerre mondiale, la production de chanvre était florissante dans les manufactures, les filatures et les corderies. Jusque dans les années 1960, les agriculteurs entretenaient fréquemment une petite parcelle de chanvre pour leurs besoins domestiques. Les femmes filaient et tissaient encore à la ferme. L’arrivée du prêt-à-porter impulsée par l’arrivée des fibres synthétiques et du coton a porté un coup d’arrêt à la culture du chanvre en France et en Europe. Le regain d’intérêt pour la fibre de chanvre, dû à ses vertus écologiques, est récent et d’actualité.

Dans ce contexte, aucune mécanisation des procédés n’avait été redéveloppée, comme cela a été le cas plus récemment avec le lin, pour lequel même les filatures n’ont pas résisté à la concurrence. La culture et la mécanisation de la transformation du chanvre sont par conséquent à l’état expérimental pour obtenir une fibre longue textile, ce qui est une opération difficile. Portées par une poignée d’acteurs engagés et les rares détenteurs de savoir-faire de cette fibre en France, des initiatives prometteuses ont permis de mettre sur le marché les premiers textiles en chanvre.

Le développement du chanvre s’est porté par ailleurs vers les matériaux biosourcés et l’écoconstruction à partir de la chènevotte ou bois de chanvre. À ce titre, la France est le premier pays producteur de chanvre en Europe, avec 17 116 ha sur les 58 000 ha en Europe, dont quelques centaines d’hectares de chanvre textile.

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Récolte à l’ancienne, entretien des vieux vergers et pressage des olives en Corse

Du Nord au sud de la Corse, en coteaux, plaines, bords de mer, et même montagne, l’olivier peuple les terres. Il fait partie des cultures emblématiques de l’île, depuis l’Antiquité.

Epargnés par le gel, les oliviers corses sont multiséculaires et atteignent parfois 20 mètres de hauteur. Leur envergure exceptionnelle a induit des pratiques spécifiques liées à leur entretien, à la transformation de leurs fruits et surtout une méthode de récolte unique. Ici, point d’intervention humaine ou de machines : on ne cueille pas les olives sur les arbres. On laisse les fruits chuter naturellement dans des filets tendus sous les oliviers, pendant les longs mois que dure la récolte. Régulièrement, on vient vider ces filets pour apporter les olives au moulin. Seul le vent accélère la récolte. Quelques professionnels et dans les villages environ un millier de cultivateurs et amateurs passionnés perpétuent ce savoir-faire ancestral, un des emblèmes de la culture insulaire que nous appelons la « Récolte à l’Ancienne ».

Après une taille distincte, un entretien soigné du sol et une protection attentive des fruits au cours de leur croissance, les oléiculteurs récoltent des olives noires, très mûres qu’ils conduisent dans des moulins, anciens ou modernes. De la maturité poussée de ces olives chutées naturellement, résulte une huile très douce gorgée d’arômes de fruits secs et de maquis. Elle servira principalement à l’autoconsommation en famille ou sera revendue, souvent en direct. Cette méthode traditionnelle est laborieuse, mais efficace. Elle répond à l’envergure des arbres ainsi qu’au morcellement et à la topographie des parcelles d’anciens oliviers – multiples, petites et particulièrement pentues, souvent impossibles à mécaniser, mais peuplées d’arbres splendides. Situées autour ou parfois au cœur des villages, leur maintien en production permet de préserver l’environnement, de lutter contre le feu, de sauvegarder un patrimoine familial. Souvent millénaires, ces oliviers maintiennent depuis la nuit des temps l’activité d’une communauté rurale, créent le lien social. C’est ainsi qu’en Corse, au moment de les récolter, on perpétue une culture et un savoir-faire quasiment disparu dans les pays producteurs d’huile d’olive du bassin méditerranéen.

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L’élaboration de l’eau-de-vie d’Armagnac

L’eau-de-vie d’Armagnac se rattache, dans le sud-ouest de la France, aux départements des Landes, du Gers et de Lot-et-Garonne. Le territoire se distingue, dans le Bas-Armagnac, par des sols propices à la production d’eau-de-vie et par son réseau de bastides ou « villes neuves », à l’urbanisme de référence qui soutiennent sa production, comme Labastide d’Armagnac, dont le terroir produit les eaux-de-vie les plus réputées.

Élaborée depuis 700 ans selon des savoir-faire artisanaux, l’eau-de-vie d’Armagnac est obtenue à partir de la distillation de vin blanc, essentiellement à partir de cépages de Baco blanc, unique par sa résistance aux maladies et son aptitude au vieillissement, de Folle blanche, par son ancienneté dans le vignoble armagnacais, sa finesse et ses notes florales, de Colombard, pour son épicé, et d’Ugni blanc, pour sa finesse et sa productivité. La rondeur de l’Armagnac et la richesse en arômes sont réputées résulter de la distillation armagnacaise continue, élaborée à partir d’une seule chauffe de vin dans un alambic à colonnes, spécifique à l’Armagnac.

Après avoir été élevée de longues années dans des fûts de chêne, l’eau-de-vie « aux quarante vertus », invoquées par le prieur d’Eauze dans un ouvrage conservé au Vatican, est douce, élégante et tonifiante. Elle se singularise par le fameux « Armagnac millésimé », issu d’une seule et même année de récolte, n’ayant subi aucun assemblage avec des millésimes
différents.

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Les savoir-faire de l’élaboration du cognac

rédigé par Anne-Laure Jouannet, géographe, et Gérard Jouannet, historien

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés : Sylvie Grenet, conseiller scientifique, Catherine Virassamy, greenandcraft, Jean-Bernard de Larquier, viticulteur et bouilleur de cru, Luc Lurton, directeur de la Station viticole du BNIC, Chloé Rosati, chercheure associée à l’Université de Nice

L’élaboration du cognac, eau-de-vie de vin distillée deux fois en alambic charentais, est un processus patient et collectif, qui s’est construit par la transmission des savoir-faire depuis le XVIIe siècle. La diversité des étapes, du plant de vigne aux modes de consommation, se fonde sur un processus d’élaboration qui s’articule autour de trois piliers : la distillation charentaise, par la production d’un vin de base ; l’assemblage, par l’élevage des eaux-de-vie ; la mise en cohérence du contenu, par l’adaptation du design au mode de consommation de chaque cognac.
L’empirisme et la transmission orale, perpétués de génération en génération et appuyés sur des traditions viticoles et un négoce structuré in situ dès l’origine, sont les fondements identitaires de la communauté. Cette tradition s’appuie sur une alliance entre des savoir-faire viti-vinicoles locaux et une culture marchande apportée depuis le XVIe siècle par les négociants étrangers (hollandais, anglo-saxons, norvégiens…), qui a toujours été fondée sur une logique d’échanges et de complémentarités. Cette création conjointe a façonné une communauté multiculturelle.
Chaque savoir-faire participe, selon des méthodes et une temporalité qui lui sont propres, de la même recherche : pérenniser le profil organoleptique de chaque cognac, en assurant le bon équilibre entre respect de la tradition et renouvellement par la révélation du potentiel aromatique du vignoble. Son élaboration est ainsi ressentie comme une œuvre collective.

La culture et la transformation des olives dans le pays de Nîmes

À l’origine, la variété d’olive dite Picholine, typique du Gard, était connue sous le nom de Collias ou Collasse. Particulièrement résistante aux fléaux de tous genres, au fil des siècles, elle a fait la renommée du territoire nîmois, en produisant une olive de table au craquant séduisant, dont l’huile extraite a un goût caractéristique. Cultivé dans les plaines et coteaux fertiles, depuis l’Antiquité, d’après l’archéobotanique, puis dans la garrigue, l’olivier prospère du sud des Cévennes aux costières de Nîmes, loué pour ses vertus de résistance, de vitalité, d’adaptation et d’immortalité, et, de nos jours, pour sa contribution à la lutte contre le dérèglement climatique.

Tout un chacun peut planter et cultiver un olivier sur un petit lopin de terre, confire ses olives au coin du feu ou en extraire de l’huile artisanalement. Parmi ces praticiens, les « oléiculteurs familiaux » représentent 75 % des producteurs. L’olivier rejaillit partout dans les plaines, les collines, les terrasses et les constructions en pierre sèche, qui font partie intégrante du patrimoine culturel du Languedoc et de la Provence. Les reconnaissances en Appellation d’origine contrôlée « Huile d’olive de Nîmes » et « Olives de Nîmes » (2004) ont fédéré tous les professionnels et non professionnels, de la large communauté d’oléiculteurs locaux autour de l’olivier et de ses oliveraies, dites aussi « olivettes ».

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La culture des moules de bouchot à Pénestin

Entre Vannes (Morbihan) et La Baule (Loire-Atlantique), l’estuaire de la Vilaine, fleuve breton, a permis depuis un siècle, grâce à la richesse de ses nutriments, de développer la culture de la moule Mytilus edulis, pour faire de Pénestin (Morbihan) la capitale de la moule de bouchot de Bretagne Sud. Les parcs à bouchots de Pénestin sont constitués d’alignements de pieux, régulièrement espacés, dits « bouchots à moules ». Ils sont visibles tout au long des 25 km du littoral, en passant par la plage de la Mine d’Or aux falaises ocres, site géologique classé de Pénestin, où, sur les plages animées par la rencontre de la pêche et du tourisme, se côtoient pêcheurs, tracteurs, promeneurs et pêcheurs de moules à pied, qui pratiquent cette activité de loisir. Implantés à partir de la fin du XIXe siècle, les bouchots produisent des coquillages renommés pour leur qualité, due à la richesse et à la pureté des eaux de l’estuaire. La zone de production s’étend de la pointe du Halguen, à Pénestin, à la baie de Pont-Mahé à Assérac (Loire-Atlantique), à l’intérieur des terres, et, à l’extérieur, sur la côte Atlantique jusqu’à la pointe du Bile. Une trentaine d’entreprises mytilicoles produisent des moules de bouchot sur 215 ha de concessions situées dans l’estuaire de la Vilaine.

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