Patrimoine et savoir-faire du chanvre en France

Catherine Virassamy et Marie-Laurence Sapin, Le chanvre, matière à transition, Design, territoire et écologie sous la direction de Elisabetta Bucolo, Véronique Maire, article p.32, édition LOCO 2022

Le chanvre est une plante ancestrale. Originaire d’Asie centrale où il pousse à l’état sauvage, le chanvre a plus de 8000 ans. Il s’est répandu vers la Chine, toute l’Asie, la Russie et le bassin méditerranéen. De la Russie il pénétra dans les pays baltes, en Germanie et en Scandinavie. Les Vikings qui étaient de grands navigateurs et avaient besoin de cordes de chanvre l’ont sans doute répandu au cours de leurs expéditions en Europe occidentale.  Il était cultivé jadis pour sa fibre textile dans la marine et l’habillement, mais aussi pour ses graines dans la médecine et l’alimentation. Avant la deuxième guerre mondiale la production de chanvre était florissante mais fut peu à peu délaissée à cause de l’arrivée du coton et des matières synthétiques. Il y avait à cette époque, des manufactures, des filatures, des corderies. Jusque dans les années 1960, les agriculteurs entretenaient fréquemment une petite parcelle de chanvre pour leurs propres besoins ou pour fournir les tisserands du voisinage, ayant ainsi participé à la sauvegarde de la pratique. Exemple de culture agricole vertueuse,  celle-ci renaît aujourd’hui dans plusieurs régions de France, en Normandie et dans le Sud-Ouest de la France, où son utilisation locale était coutumière.

A ce titre, la pratique « Les savoir-faire du chanvre textile », est incluse à l’Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel, dans le cadre d’une recherche sur l’expression de pratiques patrimoniales émanant d’observations et de témoignages oraux de la communauté.

Cette pratique vivante, transmise depuis des générations dans l’espace rural, est portée par une communauté restreinte de professionnels et de détenteurs dépositaires de ses savoir-faire tels que les agriculteurs, les peigneurs, les fileurs, les tisserands, les créateurs, les tailleurs et confectionneurs, produisant et transformant à nouveau le chanvre textile.

La présente contribution montre comment de nouvelles pratiques liées au chanvre textile se sont emparées du patrimoine culturel existant dans toutes ses formes, de l’immatériel au matériel, des terroirs à la communauté et aux savoir-faire, des outils, machines, architectures aux modes de transmission, de relance et de valorisation.

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